Période de RUT

Au Chili, pour payer ses factures en ligne, s'abonner à internet, ouvrir un compte en banque, il faut un RUT. Un RUT, c'est un numéro qui, comme notre numéro de sécu, identifie toute personne. Il est attribué, si j'ai bien compris, à la naissance ou à l'obtention d'un visa.

Un Visa? «fingers in the nose», me direz-vous!

Mais, dans la pratique, obtenir un visa, c'est:
  1. Trouver un emploi pour avoir un contrat de travail. Le contrat de travail ne s'obtient qu'à la fin de la période d'essai. Ça implique de faire sa période d'essai au black.
  2. Une fois le contrat de travail signé et authentifié par un notaire il faut remplir un document et l'envoyer par courrier en recommandé a l'extranjeria (service des étrangers) en spécifiant qu'on veut le plus rapidement possible un visa temporaire autorisant à travailler, dit visa en tramite.
  3. Attendre trois semaines le retour du courrier.
  4. Payer le visa en tramite, 50% du prix du visa normal, soit environ 30€.
  5. Aller a l'extranjeria porter le papier. Quand on a de la chance comme moi, on tombe dans une période de régularisation massive. Attendre donc 1h30 (en arrivant avant l'heure d'ouverture).
  6. Attendre le papier du visa définitif.
  7. Envoyer un mail pour dire qu'on a rien reçu.
  8. Attendre la fin du délai des trente jours suivants la date de la décision d'attribution pour aller a l'extranjeria chercher le papier qui aurait dû arriver par la poste.
  9. Payer 60€ pour ce visa.
  10. Retourner a l'extranjeria avec le papier prouvant que l'on a payé. Attendre 1h. On a alors le droit a un magnifique sticker dans son passeport (le visa à proprement parler) et un papier qui donne les étapes suivantes. C'est comme un jeu de piste.
  11. Première étape: la police internationale. 8h30 bon pied bon œil, un premier guichet sans file d'attente (louche). Renseignements pris, le système informatique est en rade, mais de toutes façons faut commencer par payer, et ça, c'est manuel. Faire confiance au mec qui a l'air vaguement au courant, prendre un ticket, le système devrait tomber en marche. Discuter avec une colombienne dans la salle d'attente et se rendre compte qu'on émigre pas tous pour les mêmes raisons. Suivre le flic qui vous désigne, vous. Sourire a la webcam pour la photo. Se laisser dire que sa carte de touriste est illisible et qu'il faut faire un duplicata mais qu'il nécessite le système informatique toujours en rade. Repartir avec son carton d'attestation d'enregistrement.
  12. Revenir le lendemain pour aller chercher un duplicata que personne ne vous demandera par la suite. Soulagement, pas d'agent de la Police de l'air et des frontières (PAF) pour me reconduire a la frontière.
  13. Deuxième étape: le registre civil pour demander la carte d'identité. Lire sur la porte que pour les étrangers, c'est le samedi.
  14. Y retourner le samedi suivant, à 8h. Admirer le palais de la Moneda devant lequel la queue s'étend. Appeler son amoureuse pour lui demander d'apporter l'argent que l'on a laissé sur la table en partant. Attendre 9h pour que la queue avance, 10h30 pour arriver à la grille. Rentrer dans le bâtiment, attendre à un premier guichet. Se faire dire que pour un visa soumis à contrat c'est pas le samedi, le samedi c'est juste pour la loi de régularisation (toujours elle!). Entendre avec soulagement que c'est quand même possible. Poser pour la photo en essayant de sourire malgré les trois heures d'attente. Laisser les empreintes de ses dix doigts. Rentrer chez soi, passer 10 minutes à retirer l'encre sur les doigts.
  15. Attendre un mois. Retourner de bon matin au registre civil. Ressortir avec la carte d'identité portant l'inscription RUN: 22.XXX.XXX-3 que tout le monde appelle RUT.
  16. Fêter tout cela avec les collègues dans un ancien bar clandestin. Tester le vin blanc avec des morceaux de pêches. Manger les fruits et la barbaque. Rentrer tout bourré légèrement éméché en suivant les lignes des carreaux du trottoir.
  17. Profiter de ce RUT pour ouvrir un compte en banque, reprendre l'abonnement internet à son nom, vivre une vie normale...

Commentaires

1. Le dimanche, 4 mai 2008, 21:36 par polaviva en paris

Jajajaj!! c'est genial! je n'avais jamais cru que mon pays était si compliqué que ça... ce serait sympa que je raconte un jour comme j'ai fait pour obtenir mon titre de séjour en france! ja! j'adore votre page!

2. Le mardi, 6 mai 2008, 11:14 par Amélie

C'est pire que la maison de l'administration dans Astérix ! Et pourtant la barre était haute !
Une petite photo du visa ce serait pas mal pour voir le fruit de tout ce labeur (-;

Bisous les pignoufs !

3. Le mercredi, 7 mai 2008, 20:58 par Tam

au s'couuuuuuur.... ça a l'air trop compliquéééééé...
j'sais pas si je m'installe au chili, du coup...
tu m'as fait trop peur, Gaetan...
j'vais essayer l'argentine, c'est p'tet plus simple... quoi? c'est encore plus compliqué?
pfff "sont fous ces latinos.
bon, c'est décidé alors, je débarque en septembre les zamis!
y'aura une troisieme pignouf au chili! youpiii

4. Le jeudi, 8 mai 2008, 17:06 par Gaëtan Duchaussois

@TamTam: c'est pas compliqué, c'est juste chiant...

Sans rire les formulaires sont pas genre ceux des administrations françaises dont tu as du mal à comprendre les questions, même s'ils sont dans ta langue. Du coup avec mon espagnol bien pourri de mon arrivée j'ai réussi a remplir le formulaire sans problèmes.

Prochaine étape valider mon permis si c'est nécessaire.

5. Le jeudi, 8 mai 2008, 19:50 par Tam

ah oui, j'espere que tu nous narreras l'épisode du permis, ça m'interresse très fortement.
Mais je pensais que le permis français etait international?

6. Le lundi, 12 mai 2008, 00:45 par Auré

Hi hi!!! Félicitations!!!
L'étape 16 avait l'air sympa, quand même!
Les lignes des carreaux des trottoirs, j'ai une petite idée d'où peut se trouver le bar en question...
Gros bisous à tous les deux

7. Le mercredi, 25 juin 2008, 17:59 par Le papa d'Amélie !!

Kafka chez les Picaros !!
Tiens cela me dit quelque chose ...
Ah oui vous auriez du enrôler les DUPOND !!

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